"Ma grand-mère Conceiçao parle beaucoup.
Elle a grandi dans le Portugal de Salazar, dans la misère, dans la solitude, dans « la vie difficile ». Mais maintenant c’est fini, c’est derrière elle, elle est sortie d’affaire, sauvée, divorcée, embourgeoisée, elle a même un petit jardin.
Ma grand-mère est une conteuse : volubile, habitée, grimaçante, elle peut parler pendant des heures, et tout ce qu’elle raconte devient alors une histoire.
Aujourd’hui, après une vie vraiment ingrate, elle se tient toute seule au milieu d’un salon petit bourgeois/nouveau riche (nouveau petit bourgeois), et elle se venge en me racontant tout."
Esther Moreira
Conceiçao traverse pendant la pièce les épisodes de sa vie qui l’ont marquée durablement. Elle s’adresse, en français et en portugais, à sa petite fille, représentée par le public. Il est avant tout question de transmission. La vieille dame est jouée par une jeune femme, comme si c’était la petite fille qui avait repris à son compte les histoires de sa grand-mère, et les racontait à son tour.
Le personnage principal de la pièce, c’est le récit qui se déploie. La passation a lieu - de femme à femme, d’une langue à l’autre, de génération en génération - de l’autrice à la comédienne et de la comédienne au public.
La pièce constitue un voyage, un bilan, mais surtout un grand cri de colère. C’est une révolte, une douleur profonde qui pousse Conceiçao à raconter, à répéter, à marteler ces histoires. Le récit permet de se redonner de la dignité, de se faire justice. La question des mots, du langage et des langues devient vitale.
Texte et Mise en scène : Esther Moreira
Jeu : Inès Do Nascimento et Léo Perlot Lhuillier
Musique : Léo Perlot-Lhuillier
Création lumière : Tiphaine Bureau
Scénographie : Louise de Bastier, Ninon Chevalier
Administration : Sonia Azzouz